Google Analytics bientôt interdit? Comment s’en passer

Publié le : 7 février 2022

Google Analytics :  la solution standard gratuite pour mesurer l’audience d’un site Internet .

Google est une machine technologique exceptionnelle. Nous le vérifions tous les jours. Nous nous sommes du coup tous habitués à utiliser Google Analytics, une solution qui permet de mesurer les performances de nos sites Internet. La technologie, que Google a acheté en 2005 à l’entreprise Urchin, était une solution payante. Google l’a rendue gratuite, l’a développée et optimisée pour en faire le produit incontournable de la mesure d’audience des sites internet et des applications web.

Avec le temps, nous avons appris à tout mesurer avec Google Analytics : les performances, les conversions, le temps passé, la navigation etc…

Comme à chaque fois avec le digital, il ne faut toutefois pas s’endormir. En effet, il va  falloir se préparer à se passer de Google Analytics, du fait de l’éthique discutable de Google. En effet, La législation du RGPD n’est pas véritablement appliquée par Google :  les autorités européennes se préparent donc à une attaque en règle contre Google Analytics. L’autorité autrichienne de protection des données estime que « l’utilisation de Google Analytics viole le RGPD ». L’autorité néerlandaise dit que l’utilisation de Google Analytics pourrait bientôt être interdite. Il va certainement falloir que nous trouvions des solutions alternatives pour continuer à disposer de statistiques, protéger notre vie privée et à plus long terme notre marché du digital européen.

La CNIL, qui édicte les règles du RGPD en France, a déjà déclaré Google Analytics « illegal » sans le consentement du visiteur. Les autorités autrichiennes et hollandaises vont plus loin. Le fait même de garder les données personnelles même avec consentement aux US est illégal et Google est donc répréhensible. On peut supposer que d’autres pays européens vont suivre la même voie et que de véritables sanctions ou lois visant à interdire l’utilisation de Google Analytics pourraient bientôt arriver.

La gratuité a un prix !

Google nous a habitué à la gratuité pour beaucoup de choses, comme beaucoup de sites et de fonctionnalités sur le web, mais cette gratuité a un prix . En effet, Google nous a donné l’accès à Google Analytics gratuitement dans le but principal de récolter toutes les informations sur la navigation des internautes à la fois pour améliorer la qualité du moteur de recherche mais aussi et surtout pour vendre de la publicité toujours plus ciblée et conforter un monopole déjà bien établi en possédant plus de données qualifiées que n’importe qui d’autre.

La très grande majorité des revenus de Google provient de la vente des annonces dans le moteur de recherche lui-même et ces revenus sont en train de siphonner doucement la publicité mondiale (avec Facebook/Instagram). Cette situation de monopole est inquiétante car on ne voit pas comment on pourrait la contrer aujourd’hui . De plus, on peut douter du comportement d’une entreprise privée en situation de quasi monopole, très capitalistique et cotée en bourse, pour se restreindre en matière de revenus et d’éthique. Le cookie Analytics est l’un des fers de lance de cette stratégie. (le profit d’Alphabet en 2021 est de plus de 76 milliards de dollars : croissance de 36% en 2021)

Ce monopole est bien entendu contraire à bon nombre de lois sur la concurrence. Dans les années 80-90 du siècle dernier, on chassait dans le monde des media et de la publicité toutes les entreprises qui étaient à la fois média, régie, annonceur,  réunis. Google est à la fois le support, le vendeur d’espace, la régie publicitaire, le fournisseur des mesures d’audience et on le laisse faire. Si vous ajoutez à cela qu’il n’applique pas les lois en matière de protection des données. Il devient logique, voire incontournable, que les pouvoirs politiques réagissent.

 

Le problème : Google ne respecte pas les règles.

En fait, le problème qui se présente aujourd’hui est celui de la protection des données et de la vie privée. La CNIL, qui règlemente en France la protection des données (RGPD), a défini des règles précises sur les cookies et le recueil des données personnelles.

Le cookie est un petit fichier qui se mémorise dans votre ordinateur et garde en mémoire certaines informations ou peut les envoyer ailleurs pour y être traitées.

  • Nous devons aujourd’hui demander à chaque visiteur d’accepter le cookie de Google Analytics pour récolter de la donnée. (Cette règle est déjà assez mal appliquée.)
  • Les données ne doivent pas être gardées ni traitées sans consentement ni stockées et utilisées par des tiers non identifiés.

Dans le cas de Google Analytics, il leur est aujourd’hui reproché que les données personnelles sont envoyées aux Etat-Unis pour y être traitées sous la loi américaine, ce qui est interdit en Europe. Dans les faits, si les données étaient gardées en Europe, Les Etats-Unis auraient toujours droit (selon leur législation : Patriot Act) d’y accéder à leur grès. De plus Google a déjà été condamné en fin d’année dernière pour usage des cookies non conformes dans Chrome, ce qui ne plaide pas en sa faveur.

Il suffirait en fait que Google nous donne un outil qui anonymiserait réellement les données pour qu’il n’y ait pas de problème mais depuis le lancement des règles du RGPD, Google ne cesse de se dérober. Une véritable anonymisation doit être jugée trop contraignante par Google pour traquer au mieux le profil de chacun et développer ses algorithmes.

Google déclare avec une mauvaise fois surprenante :  » Google Analytics aide les commerçants, les gouvernements, les ONG et de nombreuses autres organisations à comprendre à quel point leurs sites et applications fonctionnent pour leurs visiteurs – mais sans identifier des individus ou en les suivant sur le Web. Ce sont ces organisations, et non Google, qui contrôlent les données collectées avec les outils Analytics et la manière dont elles sont utilisées ».  Google devrait également nous expliquer pourquoi ils remontent autant de données sur chacun d’entre nous (IP personnelle par exemple ou ce que qui remonte de chrome et Youtube et les autres…) et à quoi elles servent réellement. Il n’est même pas à prouver que toutes ces données remontent sur les serveurs de Google, que notre profil est clairement identifiés et ne sont pas à disposition des entités qui les installent dans leur site!

 

Google annonce d’ailleurs clairement que la réponse du moteur de recherche à une requête est modulée par votre profil personnel. Comment Google arriverait à ce miracle du profiling sans remonter des données?

Google est d’ailleurs tellement au courant qu’il a annoncé que Chrome allait refuser les cookies tiers dans l’esprit de protèger l’intégrité des données privées. Hors ces outils sont ceux utilisés pour Google Analytics. Ce qui veut dire que la technologie en cours est de toute façon obsolète à terme. La solution de remplacement envisagée aujourd’hui serait une solution propriétaire à Google qui, très certainement, accroîtrait l’opacité du recueil des données. Cette solution, qui est en test, ne l’est pas en Europe.

La bonne nouvelle : on peut se passer de Google Analytics : 

Nous posons aujourd’hui dans les sites internet Google Analytics et mettons en place une autorisation d’activer ou non les cookies dans les sites. Cette solution est peu satisfaisante parce qu’elle perturbe la navigation et donne des statistiques tronquées des visites dans les sites. Donc interdiction ou non, il est intéressant aujourd’hui  de se passer de Google Analytics puisque son utilisation vous amène à avoir des statistiques tronquées si vous respectez la loi. Google a raison; nous sommes responsables de ce qui se passe dans nos sites, donc le mieux est de se passer de Google Analytics ou a minima de s’y préparer.

Il existe aujourd’hui des solutions autres que Google Analytics qui préservent l’anonymisation des données et qui nous donnent des statistiques très fiables de la navigation sur les sites sans recueillir de données personnelles illégalement. Ces solutions peuvent même être mises en place sans avoir à demander d’autorisation aux visiteurs si elles respectent les règles de protection. La CNIL en donne une liste sur son site Internet.

Dans cette époque de made in France, Citons Matomo, qui a été créé par un français et qui est une solution open source ou ABLA qui est aussi une solution française.

 

Pourquoi n’a-t-on pas changé plus tôt ?

Tout simplement parce que changer de solution de statistiques peut s’avérer compliqué et explique l’inertie générale. Les propriétaires de sites et leur agences ont déjà consacré pas mal de temps et d’énergie à paramétrer leurs statistiques et les marqueurs d’efficacité et il faudrait les changer!

  • Il faut récupérer les statistiques antérieures pour ne pas perdre la continuité des analyses
  • Il faut poser un nouveau code de suivi et en général re-paramétrer toutes les conversions du site et du coup faire peut-être de nouveaux développements.
  • Google Analytics fait le lien avec les autres produits de Google : Google ads, Search console, You tube… Il faut désormais trouver d’autres méthodes de remontée des données ou de mesure. Ce travail demande du temps et de l’énergie, représente un risque de perte de fiabilité des analyses.

Enfin, Google tire sa puissance des annonces qui passent dans le moteur de recherche auxquelles certaines entreprises sont devenues totalement dépendantes. Nous avons pris l’habitude de lier Analytics et Google Ads pour mieux mesurer l’efficacité de l’investissement.  Pourtant il est possible d’utiliser Google Ads avec un autre outil de mesure des statistiques dans le site.

 

En conclusion : Il faut se préparer à se passer de Google Analytics. 

Google Analytics n’est pas incontournable, il existe des solutions alternatives de qualité.

On remarque une tendance de certains développeurs qui fabriquent des sites Internet et  à ne posent même plus de solution de statistique pour évacuer le problème. C’est une sorte de tactique de l’autruche : la tête enfouie dans le sable on ne voit plus les problèmes.

Le monopole amène presque systématiquement des comportements inadéquats et la merveilleuse machine qu’est Google voit son image devenir de plus en plus brouillée par des problèmes d’éthique. Nous avons là une occasion de rendre un peu de concurrence dans ce marché sans se priver d’une prestation de qualité.

De plus si nous nous trouvions sous le coup de règlementations contraignantes, il ne faudrait pas se trouver au pied du mur sans avoir anticipé.

La solution à court terme consiste à se préparer, à tester , à recueillir des données d’autres solutions et peut-être déjà se passer de Google Analytics.

C’est d’autant plus facile que vous n’avez pas d’activité commerciale vous amenant à utiliser Google ads. Toutes les institutions, les sites purement vitrine devraient  passer à des solutions alternatives. Pour les autres, il faut analyser chaque cas attentivement.

Si vous vous posez la question de comment procéder, contactez-nous.

En références :

Interdiction de Google Analytics dans l’union europeenne

la CNIL interdit Google Analytics en France

Est ce la fin de Google Analytics en Europe?

L’usage de Google Analytics viole le RGPD selon la cnil autrichienne

cookies : Le Conseil d etat valide la sanction de 2020 prononcée par la Cnil contre Google